dimanche 29 mai 2016

74. Un recueil de poésie

Ma soixante-quatorzième lecture est un recueil de poésies d'Aragon.
C'est un livre qui trainait depuis longtemps dans ma PAL et je me suis enfin décidé à faire un sort à ce rossignol. Et bien m'en a pris. C'est une lecture magnifique.
Bon, j'avoue, je n'ai pas aimé la préface -trop verbeuse à mon goût- ni tous les poèmes. Mais il y en a qui m'ont énormément plu !

Voici quelques vers qui m'ont particulièrement charmée :

"De quel prédestiné Dame de délivrance
Attends-tu sur la pierre noire la venue
Blanche à qui l'acier bleu cercle les poings menus
Où saignent les rubis d'un bracelet garance
Les marins regardaient cette femme inconnue
Étrangement parée aux couleurs de souffrance
Attachée au récif bordé d'indifférence
Si belle qu'on tremblait de voir qu'elle était nue

[...]

La mer comme le sable est sujette aux mirages
L'espace efface un pli dans son rideau mouvant
J'avais cru voir une île à l'aisselle du vent
Et celle qui criait la langue des naufrages
N'est que l'illusion qui me reprend souvent
Depuis qu'ayant quitté les terres sans courage
Plus oisif que l'oiseau j'ai choisi pour ouvrage
De guetter le soleil sur le gaillard d'avant"
                 (L'escale)

"Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
J'ai vu tous les soleils y venir se mirer
S'y jeter à mourir tous les désespérés
Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire"
         (Les yeux d'Elsa)

"Qu'il m'est doux de dormir le songe de la pierre
Le sommeil est profond qui berce les statues
Quand le siècle est infâme à fermer les paupières
Non-voir et non-sentir deviennent des vertus
Chut Ne m'éveille pas Baisse la voix veux-tu"
      (Plainte pour la mort de madame Vittoria Colonna marquise de Pescaire

"Les raisons d'aimer et de vivre
Varient comme les saisons
Les mots bleus dont nous nous grisons
Cessent un jour de nous rendre ivres
La flûte se perd dans les cuivres"
      (Pour un chant national
 
" Que ton poème soit dans les lieux sans amour Où l'on trime où l'on saigne où l'on crève de froid Comme un air murmuré qui rend les pieds moins lourds Un café noir au point du jour Un ami rencontré sur le chemin de croix"
                (Ce que dit Elsa)

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